Temps partiel, examinons quelques possibilités pour le CPAS d’augmenter la probabilité d’embauche des personnes inscrites.
Dans le billet précédent n° 128a, nous avons présenté une analyse du chômage à Brugelette. C’était une ébauche d’actions au niveau des responsables politiques de la commune. Ici nous présentons différentes mesures, comme le temps partiel. Le CPAS pourrait s’en inspirer pour favoriser l’embauche des chômeurs qui viendront frapper à sa porte.
1 Les employeurs sont-ils tous à la recherche de temps plein ?
Evidemment que non !
Embaucher c’est prendre un grand risque. Le rôle d’une entreprise n’est pas de prendre des risques. Il est d’abord d’assurer la pérennité de son existence en préservant ses revenus.
Puisque la période d’essais a été supprimée, un moyen pour l’employeur de minimiser le risque d’un mauvais choix, c’est d’embaucher à temps réduit. Beaucoup d’organismes apprennent aux demandeurs d’emploi à enjoliver leur CV, mais ce qui intéresse l’entreprise c’est de savoir si effectivement le/la candidat/e correspond bien au profil souhaité. L’erreur sur la personne sera sanctionnée par un licenciement, qui dans bien des cas coûtera très cher à l’entreprise.
Nous ne sommes plus au temps des charbonnages où les ouvriers étaient le prolongement musclé d’une pioche, peu importe la personnalité de l’individu. Les relations au travail sont devenues largement plus complexes. Un patron doit en tenir compte, s’il veut construire une équipe performante.
D’expérience, il faut un certain temps pour s’assurer si effectivement le travailleur embauché va s’intégrer dans l’entreprise. Le CV décrit-il correctement les compétences de la personne ? Son caractère doit aussi être compatible avec ses futurs collègues, qui ont la préséance. Les personnes ne sont pas des pions, que l’on déplace d’une case à l’autre sans se préoccuper du contexte.
2 Les limites du présent billet
Le présent billet ne prétend pas apporter des solutions miracles. Son objectif est de susciter la réflexion sur ce qui est possible en s’intéressant au crédit-temps, à l’interruption de carrière et aux congés thématiques.
2.1 Temps partiel : Crédit-temps, interruption de carrière, congés thématiques
Les travailleurs salariés ont la possibilité d’interrompre temporairement leur carrière ou de réduire leur temps de travail. Chez les fonctionnaires, nous parlons d’interruption de carrière. Dans le secteur privé, il s’agit du crédit-temps. Les modalités de ces deux régimes de congés sont différentes.
Les congés thématiques sont le congé parental, le congé pour soins palliatifs, le congé pour assistance médicale et le congé comme aidant proche.
A Brugelette, en mai 2025, 77 personnes bénéficient de ces différents statuts.
2.2 Temps partiel : Crédit-temps et interruption de carrière
2.2.1 Crédit-temps (secteur privé)
Massivement, le secteur privé choisit la réduction du temps de travail d’1/5ème . C’est la tranche d’âge de 35 à 44 ans qui la plus concernée (61,41%) suivie loin derrière par la tranche de 25 à 34 ans (26,07%). Ce sont principalement les femmes qui choisissent le crédit-temps (78,3%).
2.2.2 Temps partiel : Interruption de carrière (secteur public)
Dans le secteur public, c’est le mi-temps qui a la cote (43,21%), mais le 1/5ème temps est aussi très populaire (39,71%). Les interruptions sont prises plus tardivement, que dans le secteur privé. Ce sont les tranches d’âge de 35 à 44 ans (43,13%) et de 45 à 54 ans (34,52%) qui choisissent ce régime. Encore plus que dans le privé, les femmes sont les principales demandeuses de ce régime (81,32%).
2.3 Temps partiel : Les congés thématiques
L’examen des congés thématiques permet de mieux saisir les motivations des personnes à quitter temporairement leur travail rémunéré. Ils sont applicables tant pour le secteur privé, que pour le secteur public.
2.3.1 Congés parentaux
Les brugelettois optent massivement pour le régime de la réduction d’1/5ème temps (58,46%).
La tranche d’âge 35-44 (55,02%) s’intéresse majoritairement à ce congé, suivie de près par la tranche d’âge 25-34 ans (32,21%).
Les hommes sont plus nombreux à demander ce statut, que l’on aurait pu l’imaginer. S’agit-il d’un impact dû au nombre croissant de divorces et d’une augmentation de la garde partagée, ou bien d’une évolution de notre société où les jeunes hommes participent plus à l’organisation familiale ?
La pyramide des âges est édifiante à ce sujet. Dans les tranches d’âge de 30 à 34 ans et de 35 à 39 ans, les hommes dépassent en % les femmes.
Dans la tranche d’âge de 40 à 44 ans, le femmes sont à nouveau les principales actrices, tout comme dans la tranche des 25 à 29 ans.
2.3.3 Congés pour soins palliatifs (statistiques Région wallonne)
Les travailleurs choisissent massivement le temps complet (56,25%) suivi pour moitié du mi-temps (31,25%). C’est le seul cas ou la diminution d’1/5ème de temps est largement minoritaire.
Toutes les tranches d’âge sont concernées avec une prédominance de la tranche de 45 à 54 ans (37,5%) suivies des jeunes de 25 à 34 ans (25%). Les femmes font majoritairement appel à ce type de congé (75%).
2.4 Congés pour assistance médicale
NB : Les statistiques sont fort semblables à celles des congés comme « aidants proches »
La gravité de l’assistance médicale étant moindre que celle des soins palliatifs, le choix principal se porte à nouveau majoritairement sur le régime de la réduction du 1/5ème temps (53,28%), suivi du régime du mi-temps (36,63%). Le temps plein ne recueille que 10% des demandes.
3 Temps partiel : Conclusions
3.1 Une étude qui a ses limites
77 Brugelettois font appel à l’interruption de carrière (quelle que soit sa forme). Leur nombre est relativement faible comparé à la population totale de la commune tous âges et sexes confondus.On ne peut dès lors pas tirer des conclusions péremptoires.
Cependant, il vaut toujours mieux avoir un peu d’information que pas d’informations du tout.
3.2 Les travailleurs face à l’interruption de carrière (sous toutes ses formes)
Lors d’événements, par exemple familiaux, le travailleur choisi principalement de réduire son temps de travail temporairement. Le choix principal des habitants se portent principalement sur le congé d’ 1/5ème temps. Cela se remarque dans toutes les des tranches d’âge avec une intensité qui varie fonction du type congé.
Une fois la nécessité du congé disparue, le travailleur choisit de reprendre son travail à temps plein. Cette absence temporaire peut intéresser certains employeurs. Principalement ceux n’ont pas toujours une charge complète de travail, mais qui ne souhaitent pas supprimer définitivement un emploi.
3.3 Une réflexion sociale et politique
D’un point de vue social et politique, cette étude semble indiquer que l’interruption de carrière (quelle que soit sa forme) ne s’inscrit pas dans l’idée du partage du temps de travail, mais bien plus comme une réponse à un besoin ponctuel essentiel du travailleur pour une durée limitée dans le temps. Les femmes font appel majoritairement à l’interruption de carrière (sous toutes ses formes).
Le coût de la vie et la pression fiscale sur les revenus étant de plus en plus élevés, bien des travailleurs ne peuvent pas se permettre un congé de trop longue durée.
Des employeurs souhaiteraient embaucher, mais ils renoncent à le faire tant les risques et les contraintes, qu’ils doivent assumer, dépassent le seuil de ce qui leur est permis de supporter.
Lors d’une tentative de mise au travail d’un chômeur, le CPAS dispose – au travers de la réglementation sur l’interruption de carrière (sous ses différentes formes) – de différents leviers de négociations pour inciter un employeur à embaucher un demandeur d’emploi. Il y a là une piste de réflexion potentiellement intéressante.
Michel NIEZEN
Conseiller communal à Brugelette