Dans ce premier billet, nous examinons la structure du chômage à Brugelette. Le CPAS pourra-t-il répondre au défi de la réduction de la durée maximale de 3 à 2 ans de chômage à partir de 2026 ?
1 Le chômage de longue durée selon le gouvernement fédéral
1.1 Que nous révèle la presse ?
La presse écrite s’est faite l’écho des décisions du Gouvernement fédéral en matière de chômage de très longue durée. Voici le planning de sortie des chômeurs établi par le gouvernement fédéral
- 01-01-2026 : chômeurs + de 20 ans -> chômage supprimé pour 25.404 personnes.
- 01-03-2026 ; chômeurs + de 08 ans : chômage supprimé pour 42.349 chômeurs
- 01-04-2026 : chômeurs + de 02 ans : chômage supprimé pour 45.183 personnes
- 01-07-2026 : départ de 40.122 personnes bénéficiant d’allocations d’insertion
- 01-07-2027 : départ de 17.447 personnes en période transitoire quitteront le chômage
1.2 Le droit au chômage : un pilier de la sécurité sociale belge
Le système de chômage belge est financé par la sécurité sociale. Les cotisations sociales prélevées sur les salaires des travailleurs et les contributions des employeurs financent la sécurité sociale.
En effet, grâce à ces cotisations, chaque mois, les travailleurs actifs et les employeurs contribuent à un fonds collectif qui permet de financer, entre autres :
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- Les pensions,
- Les soins de santé,
- Les allocations de chômage.
Cette solidarité intergénérationnelle et professionnelle assure un filet de sécurité financière à tous ceux qui se retrouvent, temporairement, sans emploi.
Ainsi, grâce au système de sécurité sociale belge, nous bénéficions d’allocations financières si nous ne pouvons plus travailler suite à :
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- Une perte d’emploi, grâce aux allocations de chômage,
- Une maladie, un accident, grâce à l’assurance maladie-invalidité,
- Un départ à la retraite.
1.3 Notre très grand étonnement
Nous ignorions, qu’il avait autant de chômeurs inscrits en Belgique depuis plus de 8 ans : près de 67.000 personnes ; alors que le chômage est un accord patrons-travailleurs pour aider les travailleurs à passer un mauvais cap entre perdre un emploi et retrouver un autre.
Si après 8 ans, une personne est toujours sans emploi, ce n’est plus un problème d’emploi ! Accepter de laisser un chômeur aussi longtemps inscrit au chômage, c’est se voiler la face devant une situation, qui nécessite d’autres mesures.
2 Autopsie du chômage à Brugelette :
En janvier 2016, le chômage brugelettois était de 13.9% (Wallonie 14,67%) . Il est maintenant de 6,22 % en mai 2025 (Wallonie 8,75%). Dans l’hypothèse où les statistiques n’ont pas été « améliorées », c’est une belle baisse.
Toutefois depuis mai 2024, ce chômage est repartit à la hausse (+0,88%); soit largement plus que dans toutes les communes voisines (voir tableau à droite de la carte).
Cette augmentation de 0,88% du chômage est étrange, car dans un récent article de presse, nous lisons, qu’une étude indépendante – menée en 2024 par EKLO, SEGEFA-ULiège et HEC-Consulting Group – révèle que l’activité de Pairi Daiza a créé 3.167 emplois directs ou indirects et qu’il est toujours en pleine croissance. Il y a aussi la création de l’école des Phénix et la croissances des autres établissements scolaires qui soutiennent, voire améliorent, le niveau de l’emploi.
Nous ne disons pas que Pairi Daiza et les établissements scolaire doivent nécessairement engager les chômeurs de Brugelette, mais nous exprimons l’idée que Brugelette n’est pas un désert socio-économique et qu’il existe des opportunités.
2.1 Chômeurs complets indemnisés à Brugelette de janvier 2016 à mai 2025
En janvier 2016 à Brugelette, il y avait 195 chômeurs complètement indemnisés, auquel il faut ajouter 45 chômeurs complétement indemnisés non-demandeur d’emploi.
Il est maintenant, en mai 2025, de 90 personnes et il n’y a presque plus de chômeurs complétement indemnisés non-demandeur d’emploi.
Cependant, le chômage à Brugelette est reparti à la hausse pour remonter de 67 à 90 personnes entre juin 2022 et mai 2025.
2.2 Les catégories et la durée du chômage
Ce sont avant tout les cohabitants qui forment le groupe principal des chômeurs à Brugelette (46,57%).
45,54 % chômeurs de plus de 2 ans représente 31 personnes. Ceci donne une idée du nombre de dossiers, que les assistantes sociales du CPAS devront progressivement traiter en plus à partir de 2026. Cette analyse devrait être prise en considération dans l’organisation future du travail au sein des équipes du CPAS.
2.3 Nationalité – sexe – âge
2.3.1 Nationalité
Des sommes relativement importantes ont déjà été consacrées pour l’accueil des immigrés. En 2025, le conseil du CPAS compte investir 340.000 € dans de l’immobilier subsidié en partie par FEDASIL.
Au regard du faible nombre d’immigrés à Brugelette, et des défis très importants auxquels le CPAS devra faire face suite à la réduction de 3 à 2 ans de la durée maximale du chômage, est-il encore nécessaire de dépenser autant d’argent dans des briques ? Aider à trouver un emploi, améliorer le parcours d’intégration, assurer un suivi plus intense … ne sont-ils pas tout aussi important ?
2.3.2 Rapport hommes-femmes
Brugelette se démarque de la moyenne wallonne (50%) par un nombre largement supérieur d’hommes au chômage (57,36%). Comment comprendre ce déséquilibre ? Serait-ce lié au type d’emploi offert, y aurait-il dans notre commune plus d’emploi de service intéressant les femmes que d’emplois intéressant les hommes ? C’est une question à laquelle le CPAS est particulièrement démuni pour trouver une réponse.
Celle-ci relève plus des autorités politiques brugelettoises. Ne devrait-elle pas se poser la question comment attirer plus d’emploi sur le sol de la commune, afin de rejoindre au minimum la moyenne wallonne.
2.3.3 En fonction de l’âge
Pour être efficace et obtenir des résultats rapides, le CPAS devrait en premier lieu cibler la tranche d’âge entre 25 et 49 ans et aider ces personnes dans leur parcours de recherche d’un emploi.
2.4 La pyramide des âges des chômeurs complets indemnisés
Il y a un déséquilibre frappant entre la Wallonie et Brugelette. Certaines tranches d’âges de Brugelette sont anormalement élevées et d’autres anormalement basses comparé à la Wallonie.
La pyramide des âges indique une sur-représentation des femmes des tranches d’âges de 30 à 34 ans et de 40 à 44 ans. La sur-représentation des hommes est moins forte, elle se marque plus pour les tranches de 35 à 39 ans et de 45 à 49 ans.
Une explication pour les jeunes femmes de la tranche d’âge 30-34 ans serait la difficulté de trouver une crèche, ce qui les obligeraient à trouver une solution alliant préservation du revenu familial et disponibilité pour bébé.
3 Conclusions
31. Saisir les opportunités !
Avec un chômage de 6,22% sa population, Brugelette est en retrait par rapport aux communes voisines d’Ath, Enghien, Bernissart, Beloeil.
Aider les chômeurs à trouver de l’emploi est plus que louable. Un certain nombre d’entre eux sont découragés par les refus constants qu’ils rencontrent, un accompagnement peut s’avérer être utile. Par sa proximité de la population, contrairement à l’ONEM, le CPAS peut jouer un rôle beaucoup plus efficace.
Une augmentation des opportunités d’emploi peut aider significativement le CPAS de Brugelette à aider les chômeurs, qui frappent à sa porte.
3.2 Voici quatre exemples :
- Les principales institutions de Brugelette sont les établissements scolaires et Pairi Daiza. Pourquoi le CPAS ne pourrait-il pas créer une cellule qui se mettrait en contact avec ces entités, pour examiner sous quelles conditions elle pourraient accepter des chômeurs, par exemple, en organisant des formations utiles pour celles-ci ?
- Les propriétaires ont tendance à supprimer les espaces commerciaux empêchant ainsi l’arrivée de nouveaux commerces. A titre d’exemple, sous la mandature précédente Les Communaux ont émis le souhait que l’espace commercial de l’ancienne librairie Delbecq soit préservé en conditionnant le permis d’aménagement à son maintien. Le Conseil communal a validé cette demande. Aujourd’hui, c’est devenu un magasin de la chaine « Zut et Gaspi » ; la gérante est une dame habitant Brugelette-centre.
- Le fait de soutenir la petite enfance en évitant que les crèches et autres formes d’accueils pour bébés ne fassent faillite est aussi une mesure positive pour la préservation de l’emploi. Stabilisés dans leur survie, ces entreprises ne pourraient-elles pas redevenir une opportunité pour créer plus d’emplois. Il y a un cruel manque de ce type d’accueil dans notre commune.
- Le retour du marché sur la place en face de l’église de Brugelette est un bel exemple de redynamisation de la place de Brugelette. « Le commerce appelle le commerce », chaque nouvelle activité favorise la « recréation » du tissu commercial et économique disparus dans Brugelette-centre et les autres villages de la commune. Chaque nouvelle activité porte en soi une possibilité de création d’un nouvel emploi local.
L’autorité politique peut exercer une influence déterminante, cela nécessite de sa part beaucoup plus de créativité que par le passé.
Le CPAS et la Commune n’ont pas d’autres choix que de collaborer pour améliorer l’attractivité économique de la commune ; ils favorisent ainsi la création d’emplois permettant de soulager les finances du CPAS. C’est donner de l’espoir aux citoyens.
Michel NIEZEN
Conseiller communal